PROJET D’ARCHITECTURE
available in englishE712 : Projet d’architecture
Objectifs
L'enseignement de projet de Master s'organise par domaine d'études, au sein d'ateliers verticaux réunissant les promotions de M1 et de M2.
Les 4 domaines d'études de l'ENSAB proposent chacun, au S7/S9, 2 ateliers distincts.
Le détail (contenu, évaluation, travaux, bibliographie) est précisé dans chaque descriptif d'atelier.
ECTS | Cours | TD | Pondération |
---|---|---|---|
11crédits | 0heures | 112heures | 90% |
Dominique
Jézéquellou Frédéric
Sotinel Mathieu
Le Barzic Pauline
Marchant
+ 9 Cécile Gaudoin
Sébastien Penfornis Can Onaner Julia Tournaire Valérian Amalric César Vabre Vincent Souquet Julie Lafortune Véronique Zamant |
E712 : 1. non inscrits
E712 : Groupe
E712 : Hybridations n°1 – D. Jézéquellou
Objectifs
Au sein du DE 'Hybridations', les ateliers de projet explorent l’élaboration des formes architecturales et urbaines à travers des processus associant hybridation des usages, création et interaction des espaces publics, évolutivité et réversibilité des dispositifs spatiaux, réutilisation adaptative de l’existant. Deux ateliers au choix sont proposés au premier semestre en S7/S9, ces ateliers traiteront des formes architecturales et urbaines dans une perspective d’hybridation des usages, d’évolutivité et d’innovation formelle. Les enjeux d’aujourd’hui nous obligent à réfléchir de manière prospective et inventive à ce que sera la société de demain. Nous réfléchirons à ce que peuvent être des réponses architecturales à ces grands enjeux.
L’atelier coordonné par Dominique Jézéquellou accorde une importance particulière à la cohérence du processus de conception et à l'exploration des potentiels programmatiques et contextuels du projet d'architecture. Ce dernier est vu comme un processus où s'inventent des stratégies d'usages et d'espaces (hybridation programmatique) qui permettent d'élaborer une nouvelle forme de vie dans une situation locale singulière en associant programmes privés, équipements et espaces publics.
Pour 2022/2023, cette recherche d'hybridation programmatique se fera au travers d'une proposition de renouvellement urbain au sein de la ZAC Nord – Coteaux de l’Ille de Rennes Métropole.
Contenu
202-2023 'Métamorphoses 2050'
En collaboration avec l'agence d'architecture et d'urbanisme laq, il sera proposé un protocole de travail pour 5 équipes d'étudiants qui choisiront chacune un site différencié au sein du périmètre global de la ZAC Nord – Coteaux de l’Ille.
équipe 1 : métamorphose d'un tissu artisanal et commercial
équipe 2 : métamorphose d'un tissu d'activités en cours de mutation
équipe 3 : métamorphose d'un tissu périurbain
équipe 4 : métamorphose du triangle des majors de la consommation de masse
équipe 5 : métamorphose d'un hypermarché
A l'issue d'une phase de diagnostic problématisé du secteur choisi, il s'agira de proposer une stratégie de mutation à l'échelle du secteur pour 2050 puis de développer un projet architectural comme échantillon de la 'métamorphose'.
Quatre séances de travail avec un représentant de l'agence laq + intervenants extérieurs sont envisagées.
Mode d'évaluation
- une présentation de travaux par groupe à l'issue de la phase d'analyse, définition de la programmation et proposition urbaine
- un rendu intermédiaire individuel (ou par binôme) au cours du développement du projet architectural (sur un ou plusieurs éléments du projet collectif)
- une évaluation finale individuelle ou par binôme des éléments détaillés en présence d'invités extérieurs à l'Ensab pour un réel temps d'échanges autour du projet.
Travaux requis
défini à chaque étape lors des séances d'atelier
E712 : Hybridations n°2 – F. Sotinel
Objectifs
Au sein de l’atelier, l’enjeu sera d’expérimenter, à travers le projet, des démarches innovantes et inventives intégrant les questions écologiques et environnementales telles que la relation ville-nature, l’équilibre des articulations public/privé, l’anticipation des temps courts et longs de la ville, la gestion des proximités, des énergies, du réemploi ainsi que des questionnements culturels et sociaux d’aujourd’hui, dans la perspective d’un territoire en perpétuelle mutation. Spécificité commune au domaine d’études Hybridation, l’atelier interrogera les relations entre recherche et projet en s’appuyant sur la pratique du projet pour développer une analyse réflexive, problématisée et critique de l’architecture.
L’atelier traitera des formes architecturales et urbaines dans une perspective d’hybridation des usages, d’évolutivité et d’innovation formelle. Les enjeux d’aujourd’hui nous obligent à réfléchir de manière prospective et inventive à ce que sera la société de demain. Nous réfléchirons à ce que peuvent être des réponses architecturales à ces grands enjeux.
Contenu
L’atelier formulera l’hypothèse que l’hybridation des usages est une des réponses particulièrement adaptée aux crises que nous traversons. Inventer de nouvelles proximités, générer de l’interaction et de l’échange entre individus, trouver de meilleures adéquations avec les contextes, seront considérés comme autant de pistes d’exploration du projet. Cette hypothèse nous conduira à interroger les formes elles-mêmes de manière à développer des réponses créatives. Pour cela, nous questionnerons les articulations entre formes et usages, entre formes architecturales et formes urbaines et nous envisagerons également comment ces hybridations interrogent les relations et leur gradation entre le privé et le public. Un accent particulier sera mis sur les espaces publics.
Cette année l’atelier prendra comme objet d’étude le site des Magasins Généraux dans la ZAC Bernard Duval dans le quartier de Cleunay à Rennes. A l’échelle urbaine, nous réfléchirons au désenclavement du site, notamment en direction de la Vilaine au nord et des quartiers de la Courrouze et de Cleunay au sud et à l’ouest. Ensuite, les projets nous permettront d’aborder l’hybridation des usages comme catalyseur de la vie urbaine et comme source de créativité formelle.
Mode d'évaluation
- une présentation de travaux par groupe à l'issue de la phase d'analyse, définition de la programmation et proposition urbaine (pour l'ensemble du site)
- un rendu intermédiaire individuel (ou par binôme) au cours du développement du projet architectural (sur un ou plusieurs éléments du projet collectif)
- une évaluation finale individuelle ou par binôme des éléments détaillés
Travaux requis
Définis à chaque étape lors des séances d'atelier en fonction de l’avancement des travaux.
E712 : Instrumenter n°1 – Can Onaner
Objectifs
L’ARCHTECTURE DE LA FOULE - BASCULEMENTS
Can Onaner et Mathilde Sari
Lien vers la page internet de l'atelier pour les années précédentes : https://www.canonaner.com/architecture-de-la-foule-title
Ce studio de projet vient s'inscrire en continuité du thème général de l'atelier qui se propose de travailler sur les architectures de la foule. Entre la place publique, l’agora, le théâtre ou l’acropole à ciel ouvert et les grands espaces communs couverts comme les bains, les grands bazars, les bibliothèques ou les usines, l’architecture de la foule est un type à ré-inventer.
Cette année, en prenant comme occasion l'invitation de notre atelier à participer au pavillon français de la Biennale de Venise, nous vous proposons de travailler sur le thème du basculement.
C'est donc à travers cette notion polysémique que nous chercherons à tisser des liens nouveaux entre le projet d'architecture et le thème social, psychologique et politique des foules, mais aussi avec la ville de Venise, pour laquelle l'idée de basculement renvoie à l'imaginaire d'un engloutissement toujours contenu en suspens.
Architecture et basculement
Par l'idée de basculement nous entendons le passage brusque d'un état à un autre. Un basculement intempestif mais joyeux, non choisi mais opportun. L'architecture de ce basculement sera composée avec les morceaux de notre monde en crise, d'hier et d'aujourd'hui, pour des retournements joyeux de situations angoissantes. Basculements du sommeil à l'éveil, du poids à la légèreté, de l'ordre à l'informe, du calme à la révolte, de la peur au courage. Basculements d'un état à l'autre, individuels ou collectifs, physiques ou psychiques.
A priori, l'idée d'un basculement intempestif, brusque et peu prévisible ne laisse pas de place au processus long du projet d'architecture, à ses contraintes, à ses stratégies. C'est alors en faisant le récit du basculement, en s'intéressant à ses causes et à ses effets, à l'avant, au pendant et à l'après, que nous allons inscrire le basculement dans la temporalité longue de l'architecture.
Si un basculement peut être prévisible, déterminée par des conditions matérielles objectives, sociales et économiques, ses séquences comme ses conséquences, restent toujours imprévisibles et indéterminées. Si l'on prend l'exemple d'une révolte sociale, les causes seront toujours traçables, mais l'instant de son avénement, son intensité et ses conséquences seront imprévisibles, car en grande partie indépendantes des conditions qui ont engendré la révolte. Il en est de même pour un basculement psychique, ou physique : si les raisons du basculement sont prédéterminées, la manière dont celui-ci va advenir reste imprévisible. Il existe mille explications aux éboulements rocheux, à l'effondrement d'un édifice, comme aux décompensations psychiques de type maniaques ou dépressives, pourtant, on ne sait pas quand le basculement aura lieu, avec quelle intensité et quelles conséquences.
En partant de la notion de basculement, nous entendons ainsi situer le projet d'architecture dans cet entre-deux entre déterminations matérielles et imprévisibilité de l'événement : l'architecture dont on fait le projet comme cadre matériel, condition sociale et économique nous permettra d'envisager des basculements individuels et collectifs, aussi bien physiques, psychiques que sociaux.
Foules et basculement
En suivant Malcom Gladwell, on peut définir le point de bascule (Tipping point) comme une « rupture à partir de laquelle on observe un changement radical1 », une diffusion d'informations non seulement rapide, mais non linéaire, disproportionnée, violant le principe de proportion entre cause et effet : « un petit événement qui produit de grandes conséquences », comme le bâillement d'une personne qui engendre celui de toutes les personnes autour par effet de mimétisme incontrôlable. Par un effet de contagion émotionnelle donc, entre physique et psychique, qui rappelle la psychologie des foules, telle qu'analysée par Le Bon, puis Freud. On peut aussi penser à la contagion d'une rumeur, ou celle d'une épidémie biologique, où le point de basculement correspond à l'instant à partir duquel les effets, sans logique de proportion avec les causes, vont augmenter de manière à la fois brusque et exponentielle.
Le basculement est donc une contagion, pour ne pas dire un afoulement. En cela, il concerne de prime abord notre intérêt pour les foules en tant qu'entités sociales et psychiques : forces de débordement chaotique, mais aussi force d'émancipation à l'origine de nouvelles organisations sociales et politiques.
Le long de cet atelier de projet, nous allons nous intéresser à la manière dont cette contagion – physique, visuelle et matérielle, mais aussi psychique, sonore et immatérielle – va transformer l'architecture d'un lieu, les infrastructures d'une ville et les aménagements d'un paysage.
Pensé sous l'angle des foules, le projet d'architecture consistera à faire le récit de ces basculements. Basculements où l'architecture jouera, pour les foules, le rôle de cadre physique (scène urbaine), de structure symbolique (langage et représentation), de véhicule (instrument et acteur) et de produit (formes spatiales, matérielles et symboliques crées). Faire basculer une architecture de la foule reviendra alors à concevoir ces différentes états et rôles de l'architecture.
Venise et basculement
Venise convoque l'imaginaire du basculement à maints égards. Les majestueux édifices vénitiens en pierre blanche d'Istria sont suspendus sur des troncs d'arbres plantés dans la lagune2 ; la fragilité de cette assise peut basculer par le mouvement de la terre marécageuse, autant que les édifices submergés par la montée des eaux. Les fondateurs de Venise, terrorisés par les attaques barbares, prennent refuge tout en choisissant une nouvelle menace : celle « des marais insalubres fait de canaux et de bancs de sables mouvant ; d'une chaîne d'îles séparées par de petits passages dont le fond monte et descend en fonction des caprices de la mer »3.
A commencer par les peintres Vénitiens de la Renaissance, toute la création esthétique de Venise cherche à maitriser et tenir à distance la nature pour qu'elle n'absorbe pas le travail humain, pour que le rustique ne vienne pas engloutir l'urbain. Venise vit donc avec un risque d'engloutissement qui alimente son imaginaire.
Un autre basculement qui habite l'imaginaire vénitien est celui lié aux fêtes. Des fêtes religieuses et civiles, jusqu'aux événements sportifs et autres loisirs collectifs et publics, l'espace vénitien est le théâtre de regroupements de foules festives, dont le carnaval n'est qu'un exemple. Ici, le basculement, social et culturel, a lieu dans l'espace public.
L'histoire vénitienne comprend également différentes épisodes de basculements politiques, notamment avec la chute de la république vénitienne qui, en 1797, perd son autonomie après 1100 ans d'indépendance, pour être occupée par les français puis les autrichiens, jusqu'en 1866, où le traité de Vienne rétrocèdera Venise à l'Italie. Venise sera de nouveau occupée par les nazis de 1943 à 45, avec des résistances organisées dans la ville qui a une longue tradition indépendantisme.
Les basculements à Venise ne sont donc pas uniquement physiques ; ils sont sociaux, politiques et symboliques, autant que temporel et spatial. Le basculement est avant tout dans l'imaginaire et les représentations que la ville offre d'elle-même. A Venise, on bascule d'un temps à un autre, d'un espace à un autre, d'un état à un autre, comme on se déplace d'une île sur une autre. Chaque fragment de terre plein semble flotter dans un espace-temps qui lui est propre.
Par son caractère fragmentaire et hétérogène, Venise inspire naturellement le déplacement analogique qui permet à un édifice de s'autonomiser pour se retrouver agencé dans un autre temps, un autre lieu. Dans les peintures Bellini, puis les capriccio de Caneletto, une Venise imaginaire est créée. Une Venise analogue, faite de places, de temples, de colonnes, d'arcs, qu'Aldo Rossi reprendra comme matrice de sa Citta Analoga.
Le déplacement et la composition analogique peuvent être appréhendés comme des points de basculements d'une réalité à une autre. D'une réalité perçue dans un temps et lieu expérimentés, vers une réalité imaginaire construite par le souvenir, en reliant différents fragments d'une mémoire à la fois collective et individuelle.
Dans le cadre du projet, nous allons considérer l'analogie comme un premier point de bascule dans le processus de conception : un mécanisme de démultiplication des possibles qui se fait en plusieurs étapes - par désencrage, fragmentation, transformation, déplacement, ré-assemblage, puis ré-encrage – de manière à décomposer la forme, dissoudre l'échelle, dissoudre le lieu, et désynchroniser le temps. C'est en associant au langage de l'architecture vénitienne des éléments venus d'ailleurs, que nous allons d'abord faire basculer le paysage vénitien.
Pistes pour de possibles récits :
Vous pouvez imaginer plusieurs récits de basculement en lien avec la ville de Venise, à commencer avec l'image crainte et peut-être secrètement désirée d'une ville engloutie, par la montée des eaux, ou par telle autre force matérielle qui surgirait depuis les profondeurs de la lagune.
Vous pouvez faire le récit de basculements liés à des contextes festifs, religieux ou civils, à l'image des scènes représentées par Gabriele Bella, au XVIII siècle. Mais alors quelle fête, quelles foules, à l'origine du basculement ? Le retour d'une vieille tradition - La Bataille des poings sur le pont Saint-Barnabé – qui dégénère ? Une tradition continue, celle du carnaval, qui accoucherait d'une révolte populaire rappelant les origines sociales et politiques d'une fête qui semble aujourd'hui, plus que jamais, inoffensive ?
En écho à l'histoire de l'indépendantisme vénitien, vous pouvez imaginer une Venise révoltée, à la recherche d'une forme contemporaine d'émancipation... dont l'oppresseur, l'occupant, serait l'armée de touristes... ou peut-être plutôt l'architecture elle-même... objet de l'attraction, qui deviendrait alors l'objet de l'attaque ?
Vous pourriez vous référez à la Venise mythique du XIX siècle, à une ville romantique que l'on a suspendue entre rêve et songe, « un grand reliquaire inerte » , coupée du progrès de la science et des techniques, « un asile de paix et d’oubli ». Vous pouvez imaginer le basculement de cette « clémente cité de mort enlacée par un étang soporifique », passant de son état de veille, vers une ville-foule qui bouillonnerait d'une nouvelle énergie qu'on ne lui avait jamais soupçonnée, surgissante des bas fond de la lagune, autant que des épaisseurs figées des arcades entourant les places endormies de la ville.
Ou encore, vous pouvez vous attacher à l'histoire culturelle de Venise, qui, après avoir été cette ville qui accumule la mémoire, aura comme visée, avec la première Biennale d'art de 1895, « de stimuler la puissance de la vie humaine en excitant tous les désirs jusqu’à la fièvre » en exprimant « la possibilité d’une douleur transfigurée dans la plus efficace énergie stimulante ». C'est un désir de basculement psychique et physique qu'appelle ainsi de ses vœux le dramaturge Gabrielle d'Annouzio. Est-ce un basculement dont la biennale et son marche de l'art (et accessoirement celui de l'architecture) sauraient être à la hauteur ? Peut-on imaginer un état de basculement émotionnel des foules en partant du contexte particulièrement narcissique et auto-référencée des biennales ? Vous pouvez faire le récit d'un basculement interne à ces mondes clos, avec ses implications directes sur l'architecture de cette ville-exposition.
Ce ne sont ici que quelques suggestions. C'est à vous de voir quels thèmes, quelles conditions, matérielles, techniques, climatiques, sociales, festive, religieuse, culturelle ou encore politique, seraient à l'origine d'un possible basculement.
Vous avez une entière liberté dans la constitution de vos récits qui se préciseront le long du semestre. Seulement, ces récits doivent répondre à trois critères :
1- le récit doit intégrer l'architecture en tant que cadre, véhicule, objet du basculement.
Cette architecture sera « transformiste » et « transgenre », pensée selon différents états – matériels, formels, symboliques – ; elle sera contagieuse et déployable, donc conçue à différentes échelles, de manière discontinue (fragments d'architectures dispersés) ou continue (infrastructures linéaire ou rhizomique)
2- le récit doit impliquer des regroupements importants d'individus, des foules qui occupent, peut-être construisent, au minimum transforment l'architecture et le territoire environnant. La représentation de ces foules dans les différentes phases du récit, en lien avec les différents états de l'architecture, sera un des enjeux du semestre.
3- le récit doit être en lien avec la ville de Venise, s'intéresser à son histoire et son passé mythique, afin d'interroger notre époque contemporaine. Tout en suggérant les transitions en cours et les basculements latents, le récit doit les inscrire dans l'histoire matérielle, culturelle et sociale de la ville.
Noter que, pour l'ensemble des projets, le basculement prendra la forme d'une contagion spatiale, matérielle et formelle, qui partira d'un dispositif architectural restreint – un pont, un portique, un kiosque ou autre structure éphémère installée sur une place, la fraction d'un quai, le fragment d'une arcade, etc.– pour se déployer à grande échelle, sur l'ensemble de la ville-archipel, sinon encore plus loin par les eaux.
Contenu
Méthode de projet et déroulement du semestre
Introduction (jeudi 21 septembre, journée entière)
Cette première journée sera dédiée à la présentation de l'atelier. Nous introduirons le contexte théorique de l'enseignement (l'idée de basculement et ses rapports à l'architecture et aux foules). Nous présenterons le déroulé du semestre et nous répartirons les étudiant.e.s en groupes de 2 ou de 3. Nous lancerons la première phase de l'atelier en distribuant les références architecturales et artistiques. Ces références – bâtiments, installations artistiques, lieux ou situations, réels ou imaginaires – relèveront de l'idée de basculement, sous une forme ou sous une autre.
Venise analogue : « la scène originale ». (jeudi 28 septembre, recherches ; le 5 oct, rendu)
Une première phase d’écriture et de dessin se fera à partir de références architecturales et artistiques proposées par les enseignants, en lien direct ou indirect avec la Ville de Venise.
Nous vous proposons d'esquisser une Venise analogue, en partant de choix multiples parmi les différentes références. Le dessin, par effet de collage, pourrait s'apparenter à la Citta Analoga de Rossi, aux capriccio de Canaletto, représentant une autre Venise. Des fragments issues des références seront ainsi redessinés, réagencés ensemble, de manière à constituer la scène d'un événement à Venise.
Vous pouvez choisir de situer l'événement dans un lieu spécifique de la ville de Venise – une place, un pont, le portique d'un édifice en particulier – ou proposer une représentation plus large du territoire – un ensemble de ruelles, un réseaux de places, de canaux, d'îles, etc. Quelque soit l'échelle et le cadrage choisis, la scène de l'événement sera une Venise imaginaire, constituée avec des architectures venant d'ailleurs.
Le dessin-collage donnera à voir un état particulier de cette Venise analogue : celui juste avant le basculement, la « scène originelle ». On s'intéressera ainsi à une architecture liminale : une architecture du seuil, suspendue entre deux états, un état ancien, déjà dépassé, mais qui n'a pas encore effectué sa transmutation dans sa nouvelle forme.
Le dessin-collage peut recourir à différentes formes de représentation : en plan, avec certains éléments représentés en axonométrie ou élévation (comme dans la Citta Analoga) ; avec une succession d'élévations de manière à créer de la profondeur sans perspective (comme les miniatures ottomanes) ; en perspective non géométrique (à la manière des scénettes de Giotto) ; en perspective reconstituant des grandes scènes urbaine imaginaires (à la manière de Canaletto). Quelque soit le mode de représentation choisi, les foules doivent être présentes dans la scène. L'échelle de la représentation est libre ; le dessin peut d'ailleurs contenir un collage d'échelles différentes.
Rendu du 5 octobre :
Le rendu du dessin se fait sous format raison 50x65 cm.
Le dessin sera accompagné d'un court texte de 1000 mots maximum, proposant une première version du récit du basculement.
Voyage à Venise (du 9 au 14 octobre)
Dans la phase précédente, une première version de votre récit de basculement a été proposée ; la « scène originelle » de l'événement a déjà été esquissée en partant d'éléments architecturaux venus d'ailleurs ; un jeu de langage architectural a ainsi déjà été amorcé.
Le voyage à Venise permettra d'inscrire votre récit dans des lieux dont vous ferez l'expérience physique, inscrite dans la durée, en faisant attention à la temporalité des lieux, à leur perception changeante selon les heures de la journée et de la soirée, selon les occupations, selon l'atmosphère lumineuse et sonore. Une attention particulière sera faite aux mouvements des corps, aux effets de rassemblement, mais aussi à la matérialité (de la ville et de ses eaux), aux couleurs et aux sons.
En arpentant ses lieux, vous imaginerez donc vos basculements et vos afoulements en leur choisissant un espace expérimenté. En les faisant partir d'un tel lieu, à tel instant. Vous devrez donc repérer ce lieu particulier qui sera le point de départ de la contagion de votre architecture. Il peut s'agir d'un édicule au milieu d'une place, d'un pont, d'un seuil entre public et privé, d'un intérieur d'édifice, d'un balcon, d'une loggia, d'une terrasse ou d'un toit sur un édifice, d'un dispositif flottant sur l'eau ou enseveli dans les profondeurs de la lagune... (Il ne s'agit pas nécessairement de l'espace envisagé pendant l'étape précédente, car le voyage pourrait vous donner d'autres idées, d'autres envies).
Vous ferez un relevé dessiné et photographié de cet espace, afin de vous constituer des fonds de plan pour l'étape suivante. Les matérialités du lieux, ses changements selon les heures, ses couleurs, ses sons devront êtres des éléments que vous ramènerez avec vous dans des croquis de matières et de foules ainsi que dans des prélèvements de sons, de couleurs et de matières.
Etant donné que vous allez par la suite travailler sur la contagion et la mise en réseaux de l'architecture et des foules, il ne faudra pas se limiter à l'observation d'un seul espace, mais repérer des récurrences de lieux, d'architectures similaires qui pourraient être connectées, des parcours pour les flux des foules.
Workshop « Joie du basculement » (du 14 au 16 octobre)
Les trois jours du workshop auront une certaine d'autonomie par rapport à l'atelier de projet, puisque nous allons travailler dans un cadre particulier, avec des artistes invités et les membres du collectif Synopsis. Toutefois, il y aura bien une continuité avec ce qui a été fait pendant les semaines précédentes, et le travail du workshop vous servira pour la suite du semestre. Pendant les différents « rituels » du workshop (voir doc de présentation du workshop) vous pourrez avoir recours aux récits développés pendant les semaines précédentes, et utiliser les éléments du langage architectural que vous avez dessinés (notamment pour les affiches et drapeaux, mais aussi pour les « statuettes » en terre).
Le workshop vous aidera à imaginer les formes corporelles du basculement : les vêtements, les postures et actions, du corps individuel au corps collectif. Vous pourrez associer les signes du corps, aux langages de l'architecture élaborés en amont. Associer les sons de la ville aux sons des corps dans le théâtre.
En incarnant vous même ces corps pendant le workshop, dans le cadre de la scène du pavillon français de la Biennale de Venise, vous pourrez plus facilement vous représenter – et ensuite représenter sur papier et en en vidéo – les corps qui occuperont vos projets, leurs moments de bascule de l'immobile à l'animé.
Il y aura donc une transposition à faire depuis « la scène originelle » imaginée et dessinée à Rennes, en passant par les scènes de vies perçues dans les rues et places de Venise, jusqu'à la scène du pavillon que vous allez occuper avec vos récits, mais aussi avec vos corps et vos voix, pour y exprimer des basculements dont la mise en scène sera travaillé collectivement avec les artistes invités du workshop.
« La scène animiste » : corps et architecture (19 octobre, recherches ; 26 octobre, rendu)
Les étapes précédentes vous ont permis de proposer un récit, d'esquisser les éléments d'un langage architectural, d'en tester une première mise en scène imaginaire et d'en expérimenter d'autres par vos propres corps pendant le workshop.
En partant de ces différentes expériences, cette étape vous permettra de concevoir et de dessiner plus précisément des artéfacts architecturaux en lien avec le corps, avec leurs dimensions et leurs proportions, leurs structures, leurs gestes, leurs postures, et bien sûr leurs matérialités.
Vous concevrez deux types éléments : l'un pour le corps, l'autre pour l'architecture. Pour le premier type, il pourrait s'agir de masques, de vêtements, d'instruments ou d'outils ; pour le deuxième, il s'agirait de colonnes, d'emmarchements, de portes, de fenêtres ou de tunnels et de pontons, d'ornements, de tissus, de meubles ou de petits édicules, etc.
Ces deux éléments, l'artefact corporel et le dispositif architectural, devront s'associer lors de la créations d'une nouvelle scène dans le lieu précis relevé à Venise. Nous nommerons cette scène : la « scène animiste ».
Il s'agira d'y imaginer des confrontations ou des osmoses entre architecture et corps humains, en lien avec votre récit dans la ville de Venise. On peut penser aux foules réunies sur une place pour une foire aux antiquités, au milieu d'édicules en tissus représentant chacun une micro-architecture singulière, et contenant un bestiaire d'objets étranges ; on peut aussi penser aux foules envahissant le pont Santa Fosca pour la bataille aux bâtons (dont on redessinera les bâtons, et le pont) ; on peut encore penser aux « pyramides humaines » des Forces d’Hercule des Nicolotti et des Castellani, à leurs vêtements spécifiques, et poursuivre le travail d'analogie en dessinant des pyramides architecturales avec des corps humains comme ornements. On peut également imaginer d'autres artefacts corporels et architecturaux à mettre en scène dans un nouveau récit Vénitien, en s'inspirant des architectures animistes et/ou animées de Mark West, de Walter Pichler, de Shinohara, de John Hejduk ou de François Roche, des architectures totémiques de Raimund Abraham, des architectures-enveloppes du corps de Adolf Loos, Josef Hoffmann ou Eileen Grey ; des architectures écrins, boites, cabines, cercueils, meubles de Bruce Nauman, Aldo Rossi ou Robert Smithson.
Dans tous les cas, il faudrait créer un lien analogique entre les corps et l'architecture : entre un vêtement que l'on met comme une armure pour traverser une porte décorée d'ornements sacrés, une prothèse technologique que l'on fixe à son bras pour se connecter à un pilier lors d'un rituel, une amulette tatouée ou portée comme bijou, qui sera reproduite pour recouvrir la surface des murs d'un palais, l'urne et l'autel miniature qui l'accueille, ou encore, le dessin d'un masque pendant le carnaval et les rues aux façades déformées que les corps masqués arpentent.
Rendu du 26 octobre :
La « scène animiste » sera nécessairement représentée en plan serré sur les corps qui l'occupent. Elle sera dessinée en perspective, comme dans les peintures de Gabriella Bella ou de Giotto. Le dessin, réalisé à la règle s'il est fait à la main, doit être très précis et propre, en noir et blanc ou en couleur. La représentation des corps, qui peut-être plus abstraite, en lien avec celle des éléments architecturaux, sera le véritable enjeu de cette scène. La planche aura un format raisin paysage.
La « scène animiste » sera accompagnée par une seconde planche format raisin paysage. Celle-ci représentera les personnages architecturaux, isolés de leur contexte, comme dans un bestiaire, en axonométrie.
Si cela vous semble légitime, vous pouvez, dans cette seconde planche, représenter deux ou trois états de vos architectures, selon leurs transformations dans le temps.
Vacances
Étude matérielle : maquette 1 et vidéo 1 (rendu 9 novembre)
La maquette servira à travailler la plasticité de vos « personnages architecturaux », à expérimenter par de nouvelles matérialités, afin de découvrir de nouvelles textures et formes, mais également des spatialités résultantes, ceci afin d'enrichir le langage architectural qui, jusque là est redevable aux références du début de semestre.
Il ne s'agit donc pas uniquement de représenter en volume vos personnages architecturaux issus du bestiaire, mais de les décliner dans leurs qualités matérielles, formelles, etc. grâce à une expérimentation dont vous définirez les paramètres et règles – types de matériaux, type de moulage excavation ou assemblage, etc. – sans pouvoir entièrement anticiper les résultats.
Par ailleurs, vous pouvez aussi parallèlement, en croquis ou en maquette, tester de nouvelles dispositions et de nouveaux agencements à partir de vos différents éléments architecturaux. Au-delà de la forme, de la matérialité et de la texture, vous pourrez aussi en modifier l'échelle, la structure et le positionnement dans l'espace, afin de voir comment cela peut modifier les modes d'agencement : la syntaxe géométrique, spatiale et topologique de votre langage architectural.
Si le travail en maquette est une étape essentielle à la conception de l'objet architectural et urbain, le travail de la vidéo se fera en parallèle, indépendamment de la composition architecturale. Le court film qui sera issu de ce travail, en fin de semestre, est à envisager comme un objet autonome, avec une existence propre qui se créera parallèlement au récit architectural et urbain. Il fait partie du projet global du semestre, qui est un projet de basculement, qui cherche ses modes d'expression de manière hétérogène, avec différents médiums qui seront complémentaires, mais pas subordonnés : sans soumettre la vidéo à l'architecture, ni l'inverse.
Le travail vidéo (amorcé à Venise par le prélèvement d'images lors du workshop) débutera dans son travail plastique de montage à cette étape en se concentrant sur les textures visuelles de vos projets sans chercher à représenter la dimension narrative de vos récits. Il s'agira à cette étape de réaliser des essais d'animation de différentes textures et structures mettant en scène un moment de bascule. Les films pourront donc basculer de l'immobile à l'animé ou inversement, du noir et blanc à la couleur, de l'isolé à la foule, du liquide au solide, du corporel à l'architectural, etc.
Ces films seront réalisés en stop-motion, c'est à dire en une série d'images arrêtées qui devront être assemblées pour créer un mouvement. Ces images auront comme supports des dessins (gravures, peintures ou autres techniques) ou des maquettes mais jamais de manière descriptive – les plans de maquette ou dessin, devront être traitée comme une matière graphique à part entière, et jamais comme une représentation du projet.
Rendu du 9 novembre :
Les maquettes seront présentées dans la matinée du 9 novembre. Commun aux trois ateliers
Les séquences seront visionnées dans l'après-midi du 9 novembre avec Mathilde Sari :
Type 2 :dessinées/peintes/grattées, sur des surfaces et supports choisis
L'architecture qui monte (3 semaines : jeudi 16 et 23 nov. recherches ; jeudi 30 novembre, rendu)
En partant des artefacts et des éléments architecturaux créés et mis en scène, cette phase consistera en la composition d'un édifice architectural qui n'est plus envisagé comme une scène unique, mais plutôt comme un dispositif spatial, structurel et technique donnant lieu à une multiplicité de scènes, permettant différents usages, accueillant différents événements de la vie publique de Venise.
La conception de votre édifice se fera en partant des artéfacts corporels et des éléments architecturaux conçus dans les séquences précédentes. Vous pourrez pour cela suivre deux directions, deux modes de conception architecturales qui peuvent être complémentaires :
- d'une part, les personnages architecturaux (pré-compositions à partir de colonnes, de fragments de murs, marches, portes, portion de pont, bout de toiture) seront démultipliés et transformés, pour être re-agencés et re-assemblés de manière à créer un édifice complexe et hétérogène, dans lequel nous pourrons lire l'addition des formes pré-composées.
- de l'autre, les figures, matières et motifs issus des artéfacts corporels pourraient se démultiplier pour engendrer une continuité matérielle de manière organique : structures et peaux réticulaires s'érigeraient depuis le sol pour dessiner l'édifice depuis l'intérieur, des fragments de meubles s'afouleraient pour proposer de nouvelles dispositions des espaces.
Dans les deux modes de conception, il y a une « montée » de l'architecture qui est aussi une première contagion. Cette montée n'est pas forcément verticale, elle peut être un étalement ou une descente dans les profondeurs. Elle est à entendre comme une intensification. Elle n'est pas forcement une explosion de mobilités mais peut-être une immobilisation.
Cette phase du projet doit également se confronter à la question des usages. A la notion de programme, nous préférerons celles d'événement et de situation, qui suggèrent davantage la part imprévisible d'une architecture de la foule et du basculement. Sans recourir à un programme comme un théâtre, une place couverte, ou une salle de spectacle, un marché, une bibliothèque ou une usine, il faudrait imaginer un édifice public, entre intérieur et extérieur, en lien avec des événements propres à votre récit et le basculement à venir. C'est une architecture qui monte, et qui fait monter la foule, par l'accumulation des événements, jusqu'à l'ébullition et le basculement. EXEMPLES
Comme la « scène animiste » imaginée précédemment, votre édifice partira du lieu repéré à Venise. Lieu du collectif et lieu de l'intime, l'édifice sera le mécanisme qui prépare et fait monter l'intensité des foules vers un état de débordement, en attente du basculement. Son architecture sera le cadre du basculement, mais également le produit de ce basculement, parce qu'il se transformera avec lui. L'édifice sera donc la scène en attente du basculement, avant sa contagion dans la ville. Pour cela, cette architecture sera pensée à trois états : avant, pendant puis après le basculement.
Le rendu de cette phase se fera deux temps :
Pré-rendu 23 nov : dessins descriptifs en plans, coupes, élévations et/ou axonométries. Schémas d'organisations programmatique, schémas structurels, etc.
Rendu 30 nov :
planche 1 : vues axonométriques aux trois états (triptyques)
planche 2 : coupe perspective de l'édifice dans un état.
Maquette d'étude montrant la structure, les planchers et les volumétries principales, sans les façades.
La contagion (trois semaines : jeudi 7 et 14 déc. Recherches ; rendu le 21 décembre)
Cette quatrième phase consistera à imaginer la contagion de l'architecture-événement à la suite du basculement. La contagion se fera dans les différents recoins de la ville, sur l'eau, voir sur d'autres territoires, par effet de démultiplication, de déploiement, de migration, de déplacement – par afoulement. A cette étape, l'architecture sera conçue à différentes échelles, de manière discontinue (fragments d'architectures dispersés) ou continue (infrastructures linéaire ou rhizomique).
Les « personnages architecturaux » et « les architectures montées » des phases précédentes seront de nouveau déconstruits, déclinés, ré-assemblés et agencées aux ruelles, ponts, places, jardins de la ville, sur ses façades, sur ses toits, l'envahissant comme les architectures parasites de Lebbeus Woods, ou étirés le long de la lagune, en fusion avec celle-ci, comme un animal monstrueux qui en ressortirait par moment pour y replonger ; comme une infrastructure superposée à la ville existante à la manière de New Babylone de Constant ; ou encore, de manière plus discrète, comme le théâtre du Monde de Rossi qui se contente de déplacer la puissance de son image singulière le long de l'eau, et vers d'autres villes et dans toute l'histoire de l'architecture, de manière à s'assurer de la contagion la plus efficace.
Le rendu de cette phase se fera en deux temps :
Rendu du 14 décembre :
Projection des séquences montées, filmiques et sonores :
Type 3 : captées selon des corps mis en scène en lien avec votre récit, mais en évitant toute dimension narrative (ces séquences peuvent également être des re-dessins, de corps étudiés à cette étape ou venant des images du Type 1 prises à Venise)
Type 6 : une séquence sonore évoquant la rumeur (réalisée à partir de banques sonores et d'enregistrements)
Rendu du 21 décembre - commun aux trois ateliers :
Représentations en plan et coupes à différentes échelles, points de vue perspectives et documents graphiques libres. (Formats libres)
Une carte de la ville de Venise, sous forme de dessin-collage, viendrait répondre à la première proposition faite en début de semestre. (planche 1 - Format raisin paysage)
Maquettes, film et rendu général (trois semaines : jeudi 11, 18 et 25 janvier, journées entières)
La dernière phase sera l’occasion de réaliser une/des maquettes de votre architecture contagieuse, de préparer le rendu général et de fabriquer un film.
D’une longueur maximum de 4 minutes, le film sera monté à partir des images et des sons réalisés tout au long du semestre. Il sera projeté au jury final en accompagnement des autres documents.
Le médium vidéo sera abordé comme un montage de sons et d'images abstraites, dont le rythme, la plasticité et la densité devront engendrer le sentiment d'un basculement. Les films pourront donc basculer de l'immobile à l'animé ou inversement, du noir et blanc à la couleur, de l'isolé à la foule, du liquide au solide, du corporel à l'architectural, etc. Le film sera ainsi à envisager comme un poème visuel et sonore, non narratif. Sa matière sera constituée des registres suivants :
1- récoltées pendant le voyage de Venise (pendant le voyage)
2- dessinées/peintes/grattées, sur des surfaces et supports choisis (à l'étape de « l'étude matérielle »)
3- captées selon des corps mis en scène en lien avec vos récits, mais en évitant toute dimension narrative (à l'étape de la « contagion »)
4- recherchées dans des images d'archives (à l'étape de la « composition architecturale »)
5- captées à partir de/des maquettes finales (parallèlement à maquette réalisée en fin de semestre)
6- recherchées dans des archives sonores et enregistrées (à l'étape de la « contagion »)
Equipe pédagogique
L’atelier de projet sera encadré de manière hebdomadaire, tous les jeudi, par Can Onaner, architecte et théoricien de l'architecture.
Mathilde Sari, monteuse vidéo, Johanna Rocard, chorégraphe, Damien Marchal et Vincent Gassin, plasticiens, interviendront à plusieurs reprises dans le semestre.
Des séances croisées pourraient être organisées les ateliers de Mathieu Le Barzic et Julia Tournaire.
Tout le long du semestre, le travail se fera en groupes de 2 ou 3 étudiant.e.s.
Mode d'évaluation
Evaluation
- Atelier (participation à l'atelier et aux rendus intermédiaires) : 40%
- Rendu final devant un jury extérieur (y compris films) : 40%
- Book du semestre après le jury final : 20%
Les critères d'évaluation sont de 5, chacun noté sur 4 points :
- Clarté des intentions, du processus et des protocoles
- Pertinence du récit par rapport au contexte territorial
- Qualités architecturales, spatiales, formelles et matérielles
- Qualités de la représentation des planches et des maquettes
- Qualités du film
Une attention particulière sera portée à la plasticité de l'architecture, dans ses formes et ses matières et ce à travers différents médiums, le dessin et le collage, le travail en maquette conceptuelle aux formes et matières étonnantes, mais aussi le travail en vidéo pour sa capacité à exprimer l'idée de basculement d'un état à un autre.
Ces différents médiums répondent aux différentes échelles et aux différentes temporalités engagées par l’architecture de la foule. La représentation de la foule, souvent impensée par les architectes, sera l’un des enjeux du semestre.
Vos récits de basculement, leur intelligibilité, leur puissance évocatrice, leur pertinence, dépendront de la mise en scène des foules.
Les enseignants du workshop seront présents au jury final pour lequel seront également invités des personnalités extérieures du monde de l'architecture.
Travaux requis
Voir 'méthode de projet et déroulement du semestre' dans la rubrique 'Contenu'
E712 : Instrumenter n°2 – Mathieu Le Barzic
Contenu
Dans le cadre de l’enseignement de projet du DE INSTRUMENTER et de la thématique du BASCULEMENT, nous explorerons ce semestre le thème de la LISIERE LITTORALE.
Les studios de projet trouverons un ancrage sur le territoire de Venise, dans la continuité du voyage d’étude. Venise sera appréhendé comme territoire physique et imaginaire, culturel et conceptuel.
Les projets s’installerons dans ces dimensions multiples à partir des repérages sur place.
La notion de basculement est ici appréhendée dans sa dimension physique, métaphoriquement un plongeon, ou un vertige face à l’espace maritime de la lagune. Le socle de la ville apparait comme une interface fragile entre le milieu instable de la lagune et la pérennité architecturale.
La montée des eaux régulières de l’acqua alta vient rappeler périodiquement la vulnérabilité de la cité et semble une prémonition funeste des conséquences des dérèglements climatiques en cours.
L’espace, l’usage de la ville en sont alors modifiés, ses limites s’estompent… Des installations provisoires de planches permettent de maintenir temporairement les usages en attendant une hypothétique résolution par le projet utopique moise : être bricolage et gigantisme technique.
Venise, avec ses canaux en guise de rue, son archipel d’îles lointaines nous raconte l’histoire d’une cohabitation entre les hommes et le milieu marin, réminiscence des lointaines cités lacustres et anticipation d’un probable engloutissement.
Nous nous attacherons donc à questionner cette cohabitation, à appréhender cette limite comme condition d’apparition du projet, dans une temporalité improbable.
LISIERE(S)
Nous transposerons la notion de lisière, communément référencée à la limite de l’espace boisée, à la ligne du rivage. Gabriel Chauvel, paysagiste, définit la lisière comme l’espace dynamique à l’interface entre l’espace boisé-fermé et l’espace ouvert. Plus précisément, l’épaisseur de la lisière correspond à une limite épaisse, source de régénération végétale, boisement en devenir. Sans intervention de l’homme sur la lisière, celle-ci avance jusqu’à conquérir l’espace ouvert.
Tenir la lisière, c’est tenir les vides et les pleins du paysage, c’est tenir le paysage.
La lisière est donc une limité épaisse, dynamique et mouvante.
Par analogie à cette notion, nous considérerons la limite littorale comme une limite mouvante, l’espace de transformation et de régénération du paysage de la lagune, interface de la cité et de la mer, condition de la permanence du dispositif fragile, actuellement en péril.
Le lieu du projet sera l’épaisseur de la lisière littorale : aussi fine que la surface d’un soutènement maçonné plongeant dans l’eau du canal, aussi épaisse que porte le regard dans la brume entre deux île de la lagune…
Mode d'évaluation
contrôle continu 40%
Jury Final 40%
livret 20%
Travaux requis
ATELIER D'ARCHITECTURE
E712 : Instrumenter n°3 : Julia Tournaire
E712 : Transitions n°1 – J. Lafortune & C. Vabre
Objectifs
La notion d’habiter n’a de cesse de porter la question du logement collectif comme un enjeux contemporain majeur. À l’horizon 2050, la France comptera 70 millions habitants. L’augmentation de la population, articulée à la modification de la structure des ménages ou encore au vieillissement de la population, nous amènent d’ores et déjà à penser les formes multiples de l’habitat et de la densité qui l’accompagne, dans les centres urbains comme en périphérie de villes. Se loger et vivre ensemble, à l’aune du XXIe siècle, sont des sujets qui doivent être posés au regard de la question de l’artificialisation des sols, conséquence directe de l’extension urbaine et de la construction de nouveaux habitats en périphérie des villes, une des causes premières du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. L’instauration de l’objectif “zéro artificialisation nette” prévu par le Plan Biodiversité, est une réponse qui appelle un regard critique sur la manière dont cette ambition peut être menée sur le temps long - le temps de l’architecture et de la ville - et sur l’économie de moyen permettant de l’accomplir. Comment concilier densité raisonnable, qualité des espaces bâtis et non bâtis en évitant l’étalement urbain et le grignotage des terres agricoles ?
La fabrication de la ville sur elle-même, confrontée aux transformations imposées par l’adaptation aux nouveaux modes de vie et aux transformations sociales et culturelles contemporaines, nécessite, de plus, de se pencher sur les notions de flexibilité et de mutation du bâti à moyen et long terme.
Contenu
En s’adossant aux acquis de la licence, et notamment sur le logement et la connaissance du bâti ancien, l’atelier se propose d’investir ces questions par un travail de projet engagé conjointement en réhabilitation et en neuf sur le logement collectif (et potentiels programmes associés) dont les intentions croisées nourriront les échanges entre étudiants sur :
1- La mutation des modes d’habiter et la place à donner au commun dans ces nouvelles pratiques à différentes échelles, du plus public au plus privé.
2- La capacité d’un édifice existant à transposer ces enjeux, introduire de nouvelles pratiques, s’adapter sans se dénaturer, révéler de nouveaux atouts spatiaux dans une juste économie de moyen et les leçons potentielles à en tirer dans la manière d’envisager le temps long d’une construction neuve.
3- La recherche de la juste échelle du projet, entre densité perçue et densité effective, dans son contexte, au regard des questions urbaines, bioclimatiques et socio-économiques posées.
Trois sites contigus formant une séquence urbaine continue seront à l’étude au sein de l’atelier permettant de croiser :
- Des situations urbaines différentes (densité, structure du tissu, centre/périphérie)
- Des édifices d’époques et modes constructifs diversifiés (deux avant 1950 et une de la fin du XXème)
Les étudiants se répartiront ainsi en groupes sur ces sites. Le travail de chaque groupe permettra de confronter les sujets particuliers liés à chaque situation pour élargir et enrichir les démarches de chacun dans leur projet et notamment :
- La mise en place d’une densité raisonnable à définir suivant les contextes
- Le degré de plasticité des édifices à réhabiliter, suivant les cas et modes constructifs à l’étude, et les questions qu’ils soulèvent dans la pratique pour envisager le futur projet dans le temps long.
- Les typologies d’intervention articulant projet dans l’existant et en neuf (addition, superposition, intrication, mise à distance, etc…)
M1 et M2 pourront ainsi travailler en synergie et faire de l’atelier un lieu de débat sur les thèmes évoqués.
E712 : Transitions n°2 – V. Souquet & P. Marchant
Objectifs
- concevoir un projet à différentes échelles : paysagère, urbaine, architecturale ; explorant les thématiques de l’atelier : la revitalisation des centres bourgs et des petites villes, l’intervention sur l’existant à valeur patrimoniale et en site «ancien» (y compris l’approche théorique), l’intelligence constructive notamment dans le rapport aux structures anciennes et à l'écologie ;
- développer des connaissances et des savoir-faire liés à ces thématiques.
Le projet est abordé comme activateur de connaissances, d'outils et de méthodes
Contenu
L'atelier se base sur le constat actuel que les communes bretonnes se développent aujourd’hui de façon privilégiée en extension urbaine, sur le mode pavillonnaire, fortement consommateur en foncier, alors même que les centres anciens, en dépit de leur urbanité et de leurs qualités intrinsèques, ont tendance à être désinvestis par les habitants, les commerces, les services. Cette problématique revêt des aspects divers : économiques, démographiques, environnementaux, sociaux, culturels… Dans la réflexion sur l’ensemble de ces dimensions et sans s’en détacher, il est intéressant de pouvoir aussi porter un regard critique et des interrogations susceptibles de renouveler et d’enrichir une approche patrimoniale.
De fait, un centre est avant tout un lieu porteur d’identité, un espace qui cristallise des représentations, qui forge l’image d’une commune, d’un territoire, et cela notamment au travers d’un patrimoine plus ou moins remarquable et reconnu.
Proposer une stratégie d’intervention, exploiter et comprendre le potentiel du lieu, maitriser les notions de préexistence, de réutilisation, de transformation, d’évolution, de restructuration, de renouvellement urbain... telles sont les ambitions de l’atelier.
Mode d'évaluation
Plusieurs échéances au cours du semestre permettent d'évaluer l'avancé du travail, mais le rendu final prime.
La capacité à élaborer un projet pertinent, l’argumentation du projet par l’analyse, la finesse du rapport au contexte et le respect des contraintes sont les critères décisifs de l’atelier.
Travaux requis
Déplacement sur site, visite de deux jours avec hébergement chez l'habitant.
E712 : Traversées n°1 – V. Zamant & V. Amalric
Objectifs
Désirs de territoires.
Au-delà d’une greffe urbaine, comment faire (la) ville?
restructuration et densification des zones d’activités économiques
À partir de deux sites de la région de Saint Nazaire et dans le cadre d'un partenariat avec l’agence d’urbanisme de la région de Saint-Nazaire (ADDRN), cet atelier a comme objectifs pédagogiques :
L’élaboration imbriquée et prospective, d’une stratégie urbaine d'aménagement territorial et d’un projet architectural (stade esquisse), inscrit dans la réalité d'une commande et capable de la questionner. Le projet architectural est défini en lien avec la stratégie urbaine, donnant ainsi naissance à une architecture contextualisée. La programmation urbaine influence le devenir du tissu urbain et des formes bâties qui s’y inscrivent. Et inversement, le projet architectural influe sur le devenir du territoire au sein duquel il s’inscrit.
L’expérimentation critique, des étapes et codes de la conception en interaction avec les attentes des acteurs locaux. L’objectif est, dans une perspective professionnalisante, de rendre opératoire les orientations d’une MOA tout en imaginant des devenirs innovants. Les rencontres de terrain permettent à chaque étudiant d’être en contact direct avec les différents acteurs du territoire (élus locaux, commerçants, habitants, entreprises, milieux associatifs, architectes et paysagistes impliqués), de réfléchir aux outils et méthodes employés actuellement en matière d’aménagement et de questionner leur adaptabilité pour penser le territoire et l’architecture de demain.
La coopération interdisciplinaire par un travail de projet réalisé en équipe d’étudiants issus de champs universitaires variés (géographie, architecture, sociologie, droit, aménagement, urbanisme, etc). L’enjeu est de maintenir la co-conception du projet tout au long du semestre et d’aboutir à un projet final enrichi de la multiplicité des regards.
L’encadrement pédagogique sera assuré par Véronique Zamant (resp; architecte urbaniste) et Valérian Amalric (co-resp; architecte) assistés de Stéphane Chevrier (sociologue).
Contenu
PARTENARIATS : Recherche et innovation en contexte urbain
Pour investir les champs de la recherche et de l’innovation en contexte métropolitain, un partenariat pédagogique a été formalisé avec l’ADDRN sur deux zones d’activités situées en zone rétro-portuaire de Saint Nazaire: la zone d’activités Trignac Altitude et celle de la Croix Blanche à Malville.
Entre une situation géographique et économique rétro-portuaire, des objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN), une volonté de densification du tissu urbain économique, la prise en compte de l’environnement naturel et des dynamiques socio-économiques des bassins de vie concernés, … les zones d’activité de Trignac et de Malville offrent un panel de situations opportun pour développer un projet permettant de dépasser les manières actuelles de fabriquer la ville et de proposer des modalités innovantes pour renouveler l’urbanité des zones d’activités.
Dans le cadre de ce partenariat, le travail des étudiants (master Ensab & master Moui de Rennes 2) sera nourri par l’intervention de professionnels et une immersion de trois jours sur sites en début de semestre. Il fera par ailleurs l’objet d’une valorisation et d’une restitution sous forme de publication.
Au travers de ce partenariat pédagogique, l’atelier de projet propose ainsi de confronter les étudiants aux problématiques contemporaines qui relèvent à la fois du territoire, de la ville et de l’architecture. Dans une mise en situation réelle, appelant de la part des étudiants une production sous la forme de projets urbains et d’esquisses architecturales, cet enseignement vise à prospecter et à explorer un territoire en mutation, à bâtir des hypothèses d'intervention et à imaginer ses futurs possibles.
ENJEUX & HYPOTHESES : Prospective et utopie(s), au service des territoires
Outre la problématique de la restructuration et de la densification des tissus urbains économiques au croisement avec les objectifs ZAN, la réflexion de l’atelier portera sur le devenir des zones d’activités économiques suivant une volonté de sobriété foncière.
Au-delà d’une situation de greffe urbaine, comment une zone d’activité économique peut se lier à la ville et faire (la) ville dans un futur façonné par la transition socio-environnementale?
Considérant que les outils réglementaires et opérationnels de la fabrique des territoires peinent à créer un cadre de vie résilient et agréable, quelles nouvelles pratiques et méthodes d’aménagement conviendrait-il de penser et d’expérimenter pour favoriser des projets contextualisés, soutenables et durables ?
Partant de l’hypothèse qu’incarner la transition socio-environnementale peut être appréhendé comme une opportunité pour inventer de nouveaux récits de territoires désirables et éco-responsables, cet atelier devient le lieu d’élaboration de scenarii fictionnels permettant d’interroger l’évolution des modes de vie dans un contexte urbain, en posant des hypothèses critiques suivant une forme conditionnelle :
Si les crises sanitaires mondiales augmentaient les périodes de confinement et que le télétravail se généralisait,
Si des crises énergétiques ou sanitaires, remettaient en cause l’usage low cost du transport aérien au profit d’une société des loisirs recentrée sur un tourisme régional et local,
Si l’architecture était pensée comme flux énergétique,
Si la propriété foncière n’était plus le modèle dominant,
Si les filières des matériaux non renouvelables devenaient interdites,
Si l’évolution du climat du Grand Ouest le transformait en lieu d’accueil des déplacés climatiques,
Si la montée des eaux et le retrait du trait de côte, obligeaient une partie de la population littorale à préférer l’arrière-pays,
Si les ports étaient submergés,
Si l’autosuffisance alimentaire et l’autosuffisante énergétique devenaient une injonction,…
Si le vivant et la terre-mère obtenaient des droits,
Si l’architecture était soumise au cycle de la matière vivante jusqu’à sa décomposition,
… comment nos établissements humains, nos paysages, la gestion du foncier, la matérialité des projets construits et/ou rénovés, la densité, les dents creuses et les espaces publics, la gouvernance, etc, s’en trouveraient-ils modifiés ?
Ces fictions « probables » invitent étudiants, élus, habitants et professionnels à se défaire d’une vision traditionnelle des territoires. Elles deviennent le levier pour se décentrer et se confronter aux profondes mutations en devenir, pour penser de nouvelles stratégies territoriales localisées et pour faire émerger des projets concrets, inventifs & partagés.
L’atelier aura pour objet la formalisation de ces « utopies concrètes ».
PHASES
Le semestre d’atelier se structure en trois grandes étapes :
(1) Observer // Intentions
L’objectif de cette première étape est d’articuler perceptions subjectives, observations et connaissances pour construire un regard personnel et instruit sur le site et son territoire élargi. Les étudiants partent d’un diagnostic orienté et critique pour parvenir à la genèse d’une problématique de projet et formuler de premières intentions.
Cette étape comporte notamment :
Immersion collective in situ
Analyse sensible et diagnostic critique
SWOT et orientations stratégiques
Récit prospectif
(2) Hériter // Figurations
Durant cette seconde étape, les étudiants partent de leurs intentions problématisées et des caractéristiques du territoire d’intervention pour élaborer, à partir d’un concept, des stratégies d’aménagement construisant les conditions du projet urbain puis architectural.
Cette étape comporte notamment :
Énoncé du concept urbain en réponse à la problématique de projet
Stratégies d’aménagement
Schéma d’intentions urbaines
> Rendu intermédiaire
(3) Inventer // Formalisations
Durant cette dernière étape, les étudiants formalisent leur projet paysager, urbain et architectural. Ils précisent leurs choix favorisant l’invention de nouveaux modes d’habiter les quartiers d’activité et de produire en ville.
Cette étape comporte notamment :
Plan masse urbain
Prescriptions architecturales, urbaines et paysagères
Esquisse architecturale
> Rendu final
Mode d'évaluation
Évaluation individuelle et collective du travail continu.
Rendu intermédiaire pour les deux premières étapes.
Rendu final.
Les modalités de rendu et critères de notation seront discutés en début de semestre.
Travaux requis
Les étudiants seront amenés à produire :
- un diagnostic critique et orienté permettant d’acquérir une connaissance fine du contexte territorial et de celui de la commande, à partir de l’identification et de l’analyse des caractéristiques matérielles et immatérielles qui constituent la biodiversité naturelle, sociale et culturelle locale.
- une analyse menée au croisement des échelles spatiales (de l’édifice au grand paysage) et temporelles (passé, présent, futur) pour mettre en débat les pratiques actuelles d’aménagement du territoire et leurs résultats
- un récit projectuel et prospectif (récit politique, social, environnemental et économique) basé sur un changement de paradigme sociétal fort. Ce récit fictionnel sert de toile de fond à la démarche de projet urbain, architectural et paysager.
- des stratégies permettant de spatialiser le récit fictionnel.
- des scenarii d’implantation urbaine
- un projet urbain et architectural nourri des enjeux de la transition socio-environnementale et de la sobriété foncière, pour réinventer les manières d’habiter, de travailler et de produire en ville, et renouveler le répertoire des formes bâties et paysagères existantes.
Les éléments produits seront présentés au fil des séances sous format papier (A3 et notices écrites) et numérisé (diaporamas), ainsi que par des maquettes.
E712 : Traversées n°2 – S. Penfornis & C. Gaudoin
Objectifs
L’atelier propose de mener une réflexion prospective sur le devenir d’un vaste territoire associant l’agglomération de Saint Nazaire, l’espace littoral Atlantique, l’estuaire de la Loire et le parc Naturel de Brière.
Notre regard sera orienté sur les enjeux liés à l’aménagement de ce territoire d’interface entre la terre et l’eau, à l’orée 2050. L’approche pédagogique proposée s'inscrit dans une vision ambitieuse du projet face au dérèglement climatique et à la montée des eaux en particulier, à laquelle cette façade Atlantique est confrontée. Il s’agira de produire un artefact démonstrateur associant paysage, urbanisme et architecture, en mesure d’incarner les études et réflexions menées au cours du semestre.
Le devenir et les processus de transformation de ce territoire seront questionnés suivant 3 perspectives :
1 - Dans une approche spatiale, géographique et paysagère, nous aborderons la thématique du “bord” comme un espace d’interface entre la terre et l’eau. Comment faire de ces situations, amenées à évoluer dans les prochaines années, une opportunité pour penser ce territoire? L’atelier a pour ambition de penser de nouvelle relation entre ces deux états (solide/liquide) au travers de scénarios d’aménagement situés dans un corpus de transects géographiques. Les notions d’hydrologie, de socle géologique et de paysages seront au cœur des propositions.
2 - Notre démarche pédagogique propose d’aborder les dimensions sociologique, culturelle et politique attachées à ces territoires (Le port de St Nazaire, l’estuaire de la Loire, Le marais de Brière) : son histoire, sa réalité, ses usages et son imaginaire. Nous envisagerons alors de traverser les échelles d’analyse pour penser, à travers le projet, de nouveaux liens entre spatialité, temps , habitants et gouvernance.
3 - Enfin, Il s’agira de répondre aux enjeux tant écologiques que programmatiques et économiques en envisageant l’espace portuaire, littoral, ou encore le marais comme un laboratoire pour tester divers usages/fonctions amenant à des transformations spatiales notables. Comment permettre plus de résilience à ce territoire face à la montée des eaux dans un contexte de pression anthropique? Quels seront les marqueurs et signaux de demain, les économies du futur ? et comment ce secteur, face à l'Atlantique, sera en capacité d’accueillir ces mutations ?
Secteur étude : Transect Saint Nazaire, Montoir de Bretagne, La Chapelle des Marais.
La dimension pédagogique de cet atelier s’appuiera sur quelques principes :
1 /la compréhension d’un territoire habité et de ses dynamiques.
2 /la mise en relation d’un site avec un programme.
3 /La fabrique d’une architecture située et ancrée dans son territoire.
Les différents travaux à produire durant le semestre seront réalisés en groupe de trois ou en binôme, avec un développement individuel de l’échelle architecturale en fin de semestre.
La démonstration de votre créativité et de votre autonomie dans le processus et la démarche de projet sont essentiels en Master. Ce semestre s’inscrit dans la continuité de l’atelier de licence 3, Territoire et utopie, et nous souhaitons être surpris par votre capacité à vous engager dans le faire.
Sous des formes diverses et très libres, nous voulons soutenir les démarches exploratoires, promouvoir la recherche par le projet, initier et accompagner les prises de risque.
Contenu
Déroulé du semestre :
A l'issue d’un temps sur site et d’une phase d’études à l’échelle territoriale, urbaine et paysagère, il s’agira de faire émerger un espace de projet, dont l’échelle reste libre, pour ensuite définir un programme.
Le processus de projet s’attachera à une traversée des échelles, dont l’objectif sera de définir différentes problématiques qui à la fois dépassent le cadre du projet architectural et, dans un même temps, vont en définir les conditions et esquisser les contours.
Chacune des séquences pédagogiques s’accompagne de la découverte et l'étude de projets référents, d’études scientifiques ou encore de lectures en lien avec les thématiques soulevées par l’avancement du projet ( montée des eaux, bords, relation ville-port, métabolisme urbain, ville-paysage, paysage aquatique, ressources et traditions locale...), dans l’objectif de construire une culture commune associée au territoire et aux projets.
Thématiques / mots clés
Solide / liquide
Montée des eaux - trait de côte - érosion
Porosité / imperméabilité / aquifère
Ville port / marais
Ouverture / Fermeture
Industriel / Naturel
Artificiel / vivant
Bord - frange- lisière - interface- limite - frontière
Liens - mobilités
berge - côte - grève - rive
Océan - nappe phréatique - ruissellement - zone humide
Eau douce / eau salée
Retro littoral
Ressources
Milieu - Ecotone
ORGANISATION :4 étapes / 15 séances
Temps 1/ 5 séances : Atlas
Temps 2/ 3 séances: Imaginaire
Temps 3 + Temps 4 / 7 séances: vision + publication
Phase 1 : ATLAS DES BORDS
La première phase consiste à se représenter mentalement et physiquement l’espace de projet. Cette analyse consiste à arpenter le territoire, à en proposer une lecture sensible et une traduction par différents médiums : cartographie, maquette, dessins, vidéo.
Concrètement, il s’agira collectivement d’identifier et de relever les espaces d’interface, de bord, de frange, de frottement entre terre et eau, caractéristiques du territoire d’étude ; d’en identifier les composantes et la figure : géographie, paysage, occupations et pratiques, ressources, évolution dans le temps (passé-présent et saisons-futur)...
Nous envisageons alors de fabriquer un “atlas des bords”, collecte des travaux de l’ensemble de l’atelier, afin de construire une connaissance partagée des lieux et d’y tester diverses formes d’informations :
La reconnaissance et la compréhension du contexte et de ses enjeux dans le temps long.
L’identification des éléments constitutifs du paysage urbain, paysager et aquatique,
Une exploration des modes de représentation adressés à l’échelle du territoire, solide et liquide.
Cette 1ère phase amènera les étudiants à identifier des sites/situations à enjeux de projet.
Phase 2 : TERRITOIRE LIQUIDE / IMAGINAIRE
La deuxième phase consiste à ouvrir l’analyse située vers de nouvelles perspectives sur un secteur préalablement identifié.
Au-delà des aspects culturels et historiques du secteur d’étude, l’eau, territoire liquide, qui relie et sépare deux rivages, deux bords dont les composantes sont impactées par l’évolution du niveau de l’eau, est porteur d’un fort imaginaire.
Vu comme un espace-temps, il soulève des problématiques attachées à chaque contexte.
La matière issue de l’atlas, nourrie par les apports théoriques et scientifiques, vous amènera à élaborer un récit imaginaire pour l’avenir de ce territoire, comme une forme de diagnostic porteur d’ambitions projectuelles tant spatiales que programmatiques.
Ce récit prendra la forme d‘une coupe maquette cadrée sur un espace
Phase 3 : PROJET ET VISION
La phase consiste à proposer des scénarios d’aménagement et à s’engager dans la fabrique d’une vision (spatiale, programmatique, politique) de transformation. Il s’agira de développer un choix d’ancrage et une posture de projet de l'échelle du territoire et à l'échelle architecturale.
Les propositions devront incarner une capacité à :
convoquer les problématiques contemporaines, et en particulier climatiques pour définir un processus de transformation positive du territoire.
articuler les enjeux du contexte d’étude avec un programme.
comprendre l'emboîtement des échelles et le phasage des actions à mener.
A ce stade, les attentes du rendu sont les suivants:
Diagnostic - Echelle 1/10 000
Plan et coupes “guide” ( urbanisme, paysage et espace public) avec volets thématiques, invariants et variables - Echelle 1/ 1 000
Maquettes pour spatialiser les action - Echelle 1/ 500 et 1/200
Coupe d’immersion dans le projet architectural et paysager faisant figurer les intentions constructives - Echelle 1/200 (individuel)
Photomontages, schémas, ambiances….
à définir à l’avancement du semestre
Phase 4 : PUBLICATION
La quatrième phase consiste à synthétiser l’ensemble des travaux réalisés sous la forme d’un livrable (format papier et digital). Cet ouvrage doit permettre d’une part transmettre une connaissance fine du territoire d’étude aux étudiants du semestre de printemps , et d’autre part de communiquer les propositions et la méthodologie à un plus large public.
La qualité et la clarté des documents et de la mise en page, au regard des stratégies développées, devront faire l’objet d’une exploration des modes et outils de représentation.
Mode d'évaluation
CULTURE COMMUNE 10%
ANALYSE DE RÉFÉRENCES / THÉORIE
Travail individuel
T1_ATLAS 10 %
CONTROLE CONTINU : 20 % (investissement dans le projet et l’atelier, pertinence et qualité des réflexions, recherches,
production hebdomadaire, progression)
réalisation et suivi hebdomadaire d’un carnet de bord A3
RENDU : 80 % (présentation orale, pièces graphiques et/ou maquettes)
Travail collectif
T2_IMAGINAIRE 20 %
CONTROLE CONTINU : 20 % (investissement dans le projet et l’atelier, pertinence et qualité des réflexions, recherches,
production hebdomadaire, progression)
réalisation et suivi hebdomadaire d’un carnet de bord A3
RENDU : 50 % (présentation orale, pièces graphiques + maquettes, pertinence de la proposition)
Travail collectif
T3_VISION + T4 PUBLICATION 60 %
CONTROLE CONTINU : 20 % (investissement dans le projet et l’atelier, pertinence et qualité des réflexions, recherches,
production hebdomadaire, progression)
réalisation et suivi hebdomadaire d’un carnet de bord A3
RENDU : 80 % (présentation orale, pièces graphiques + maquettes, qualité de la démarche et du projet)
Travail collectif + individuel
E711 : Théorie de l’architecture
Objectifs
Théorie de l'architecture : Composition, non-composition / Dessins & desseins, approche didactique & exemples
Le cours cherche à aborder de façon la plus objective possible la question de la composition en architecture.
Il s'agira de replacer cette question premièrement au travers de la pensée de Leon Battista Alberti - qui insiste dans son traité en 1452 sur l'importance du dessin, conçu comme une opération mentale à mi-chemin entre dessin et dessein -, des ouvrages de Jacques Frédet et de Jacques Lucan sur la composition et la non-composition, et des écrits de Bernard Huet, savant connaisseur d'Alberti, sur le processus de projettation comme passage de l'idéation conceptuelle, dessein, à sa mise en forme, par le dessin.
- Comment passe-t-on de l'idée de projet à sa formalisation, à sa réalisation ?
- Par la composition, par la dé-construction, par la non- composition ?
- Par quels outils ?
- Selon quel(s) procédé(s) ou processus ?
Pour les étudiant.e.s de Master qui ont acquis une culture architecturale dans le cycle licence, il s'agit d'entrer dans la compréhension fine, dans la « substantifique moelle » d'une architecture, d'une ville, d'un espace public ou d'un jardin, pour appréhender de façon essentielle leur composition, ou absence apparente de composition, par le dessin, au delà des apparences, de l'image dudit bâtiment, ville, espace public ou jardin, de ses modes constructifs ou de ses épidermes.
Cette approche des édifices par le dessin doit permettre aux étudiant.e.s de comprendre qui l'a réalisé, à quelle époque, quels choix architecturaux l'architecte/ urbaniste / paysagiste a faits et quelles sont les conséquences de ces choix, quels effets il / elle a voulu produire.
La composition ou non-composition, revendiquée ou pas, met dans tous les cas en oeuvre des dispositifs spatiaux, constructifs, distributifs, lumineux, de parcours, essentiels, délibérément voulus par son architecte dans un temps, un espace et une histoire des idées donnés.
Pour projeter aujourd'hui en conscience et tenter de répondre aux enjeux de notre temps, l'étudiant.e de Master doit être capable de se situer dans ces temps, espaces et histoire des idées.
Contenu
Thèmes :
- Composition des édifices / villes / jardins
- Tracés générateurs et tracés régulateurs, principes harmoniques, métrologie
- Historicité des catégories architecturales
- Typologies de bâtis
- Archétypes constitutionnels en archi
- Limites spatiales : continuités / discontinuités
- Séquences d'approches, parcours, mises en scène
- Régularité / irrégularité / agrégation / organicité
- ...
Méthode d'analyse :
Dans son traité intitulé « De re aedificatoria » paru à Florence en 1452, traduit en français par « L'art d'édifier », Alberti insiste particulièrement sur l'importance du dessin, conçu comme une opération mentale à mi-chemin entre dessin et dessein : « en ce qui concerne le dessin, tout son objet et sa méthode consistent à trouver un moyen exact et satisfaisant pour associer et attacher des lignes et des angles grâce auxquels sera parfaitement compris et renfermé l'aspect de l'édifice. La fonction du dessin est donc d'assigner aux édifices une position appropriée, un nombre exact, un module convenable et un ordonnancement harmonieux, de manière à ce que toute la forme de l'édifice repose entièrement dans le dessin lui-même. »
La méthode d'analyse de la composition présentée dans le cours est directement issue du traité d'Alberti. Elle a été patiemment développée par Jacques Frédet, architecte enseignant à l'Ecole de Paris Belleville, et présentée dans le cadre de son cours intitulé « Théorie de la composition ».
La méthode est simplissime : il s'agit d'analyser la composition d'un bâtiment par le dessin, en se mettant dans la peau de l'architecte auteur-compositeur de l'oeuvre.
On redessine le projet par des tracés hiérarchisés, du général au particulier, avec un ordre de ces tracés.
A chaque tracé, systématiquement, on se pose trois questions :
- la position ou la topologie de l'espace considéré
- la configuration géométrique de celui-ci
- et enfin sa taille et ses proportions
conformément aux recommandations d'Alberti citées plus haut.
En répondant à ces questions et en nommant les tracés, on retrouve les choix compositionnels de l'architecte.
Exemples étudiés ( liste provisoire ) :
- Temple égyptien
- Jardins Villa d'Este, Tivoli
- Hôtel particulier baroque, Avignon, Jean-Baptiste Franque
- Théâtre et urbanisme néoclassique Nîmes, MA Meunier et Charles-Etienne Durand
- Les villes et leur recomposition / reconstruction ( Paris, Brest, Rennes ? )
- Villa Meyer, Charles-Edouard Jeanneret
- Pavillon de Barcelone, Ludwig Mies Van der Rohe
- Maison Fisher, Louis Khan
- Hôtel de Ville Säynätsalo, Alvar Aalto
- Casa da Musica, Remment Lucas Koolhaas
...
Mode d'évaluation
Disponible sur le Drive associé au cours
Mode d'évaluation
Rendu d'un dossier papier et numérique :
Production d'un dossier A3 paysage synthétisant l'Analyse de la composition d'un bâtiment choisi par le binôme d'étudiant.e.s.
Evaluation de la capacité par l'étudiant.e à synthétiser graphiquement et à l'écrit l'Analyse de la composition / non composition d'un bâtiment de son choix, représentatif d'un courant architectural.
Travaux requis
Production d'un dossier A3 paysage synthétisant l'Analyse de la composition d'un bâtiment choisi par le binôme d'étudiant.e.s.
- RÉALISER L’ANALYSE DE LA COMPOSITION D’UN BÂTIMENT / MORCEAU DE VILLE / JARDIN CHOISI
- MOTIVER CE CHOIX
- REPLACER SON ARCHITECTE DANS LA PÉRIODE HISTORIQUE CONSIDÉRÉE, DANS LE CONTEXTE DE LA PRODUCTION ARCHITECTURALE DE SES CONTEMPORAINS ET DANS SA PROPRE PRODUCTION ARCHITECTURALE, PAR UN TEXTE DE 2 PAGES MAXI
- ANALYSER les ITEMS SUIVANTS :
1) Masses bâties et intervalles non bâtis
2) Caractérisation des limites et degrés de perméabilité visuelle
3) Mode de distribution essentiel
4) Structure constructive et intervalles structuraux
5) Espaces répétitifs et espaces exceptionnels
6) Hiérarchies spatiales
7) Axialités et parcours séquentiels
8) Symétries / dissymétries et équilibres
9) Mesure et proportions
10) Qualités de lumières
11) Composition
12) Thèmes spatiaux
- EXPOSER EN QUOI CETTE PRODUCTION EST EXEMPLAIRE, OU NON, DE LA PÉRIODE CONSIDÉRÉE
ECTS | Cours | TD | Pondération |
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2crédits | 24heures | 0heures | 10% |
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Vincent
Jouve |