Le territoire comme patrimoine
Par Anne-Sylvie Bruel, paysagiste et urbaniste.
>> Le mercredi 23 janvier 2019.
Présentation :
Arpenter l’espace, voir, entendre, visiter, comprendre.
Etudier les cartes, analyser la formation et l’évolution d’un site comme une « chasse au trésor » ; découvrir au travers des signes de la carte, les fondements du lieu.
Enseigner, transmettre les valeurs d’un territoire qui est notre réel patrimoine au sens d’un héritage que nous devons gérer,
Dénouer des logiques, lire le territoire pour mieux l’écrire à notre tour, être le passeur, celui qui révèle, celui qui transmet.
Photo de Yves Bercez
Notre travail se veut celui d’une permanente découverte : celle de la valeur de chacun des lieux sur lesquels nous intervenons et qui constitue le ciment du travail de projet. Il considère le milieu vivant, celui d’une terre dont la géologie est encore active sous ses aspects de socle immuable, celui des hommes qui l’on façonné, qui gouvernent, construisent et y vivent, celui d’une nature parfois affaiblie mais dont les capacités à se développer témoignent d’une force qui surpasse nos espérances.
Nos implications de projet se font sur le long terme, il s’agit d’une question de temps, d’échelle de temps. Le temps de l’élaboration raisonnée, dans l’ordre du projet, où le vocabulaire se décline, avec la volonté de perfectionner le trait, de s’assurer du bon choix jusque dans les moindres détails. A ce temps est associé celui du dialogue, d’un réel partenariat avec le commanditaire. Il s’agit de travailler ensemble. Apprendre à se connaître, apprendre à se comprendre pour porter ensemble le projet et s’assurer des relais indispensables. Car vient le temps de la mise en oeuvre qui sera suivi de la croissance. Ce travail sur le vivant qui est le propre du paysagiste implique de considérer dans le processus de projet la notion du temps qui passe, et avec lui non pas de l’usure mais au contraire la bonification.
C’est pourquoi nous considérons ce temps comme notre allié et qu’il intervient dans la démarche projectuelle pour mettre en place des fondements qui permettent une vie postérieure à celle du chantier et de sa livraison.
Cette attitude participe d’un mouvement sédimentaire où le concepteur ne recherche pas à faire « oeuvre » mais à s’inscrire dans une démarche en cours, à laquelle il participe parfois en opposition aux précédentes, et qui se poursuivra au-delà de ce passage. Par cette attitude, nous pensons être les acteurs momentanés du palimpseste de la ville et des campagnes, de l’une vers l’autre et pourquoi pas inversement.
Par cette ouverture du regard et cette quête de la connaissance que nous apportent l’écoute des sites mais aussi les nombreux voyages que nous faisons et l’enseignement auquel nous participons, nous abordons toutes les échelles de projet avec une même attitude de favoriser l’expression du territoire sans nostalgie, dans une temporalité qui pourra en permettre d’autre. Ouvrir le champ des possibles.
Le nouveau quartier des Rives de la Haute Deûle à Lille constitue une des illustrations de cette démarche de projet.
Biographie :
Anne-Sylvie Bruel est diplômée de l’École Nationale du Paysage de Versailles en 1986. Elle créée immédiatement sa structure et s’associe avec Christophe Delmar en 1999 pour créer l’Atelier de Paysages Bruel-Delmar.
Chef d’agence associée, elle conduit de nombreux projets et développe une attitude positive sur la valeur patrimoniale du territoire, outil du projet d’aménagement, et la reconnaissance de l’eau pluviale comme ressource urbaine. C’est dans l’écoquartier des Rives de la Haute Deûle qu’elle met en pratique de façon particulièrement poussée cette reconnaissance des valeurs du territoire pour la fabrication du nouveau quartier autour d’Euratechnologie.
L’enseignement prend une part importante dans son expérience avec un atelier d’urbanisme à l’école d’Architecture de Nancy, puis de nombreux ateliers de projet à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. Elle conduit pendant dix ans le premier cycle pour le champ « Territoire », à l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires de Marne la Vallée.
Elle participe à de nombreux diplômes, jury, et publications. Elle donne de nombreuses conférences en France comme à l’étranger.
Elle est, depuis 2017, Maître de Conférence Associée à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles.
Bibliographie :
Disponibles au Centre de documentation de l’ENSAB
Monographies :
– Francisco Asensio Cerver. Civil engineering [Texte imprimé] : nature conservation and land reclamation. Barcelona : Arco, 1995. 255 p.
– Marielle Hucliez. Jardins et parcs contemporains. Paris Telleri, 1998. 160 p.
– Michel Thomas-Penette, Claude Fauque. Leçons de jardins à travers l’Europe. Paris, 1998
– Michel Racine. Créateurs de jardins et de paysages [Texte imprimé] : en France de la Renaissance au XXIe siècle. Tome II, Du XIXe siècle au XXIe siècle. Arles : Actes Sud, 2002. Versailles : Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles, 2002. 420 p.
– Architectes de jardins et paysagistes de France [Texte imprimé] = Garden and landscape architects of France ; introduction de Michel Racine. Oostkamp : Stichting Kunstboek, 2006. 175 p.
– Anne-Sylvie Bruel, Christophe Delmar. Le territoire comme patrimoine = The territory as heritage. Paris : ICI Interface, 2010. 129 p.
Revues :
– Le paysage en questions. Techniques et architecture, septembre 1992, n°403
– Reconversion d’un site stérile : la carrière de Biville et sa recolonisation = Reconverting a Barren Site: Biville Quarry and its Replantation Strategy. Pages paysages, 1992 – 1993, no 4
– Les jardins urbains, un luxe nécessaire. Urbanisme, juin/juillet 1993, no 264-265
– Paysage. Le Moniteur architecture, septembre 1994, no 54
– New gardens = Die neuen garten. Topos : european landscape magazine, juin 1995, no 11
– Anne-Sylvie Bruel. Pièges à sable. Pages paysages, 1996, sept, no 6
– Françoise Arnold. Saint-Jacques-de-la-Lande, une ville en pleins champs. D’A. D’Architectures, décembre 1998, no 89
– Gilles Davoine. Saint-Jacques-de-la-Lande. Le Moniteur architecture, avril 2000, no 106
– Françoise Arnold. Gap : un jardin façonné/la modernité. Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment, 15 août 2003, n° 5203
– Quatre maisons pour un musée. Le Moniteur des travaux publics et du bâtiment, 4 juillet 2003, n°5197
– Cyrille Véran. Nature différenciée : La Morinais, St-Jacques-de-la-Lande (35) [Texte imprimé] = Landscaping system. Techniques et architecture, oct-nov. 2006, n°486
– Catherine Séron-Pierre. Cheminements. Le Moniteur architecture, nov. 2010, n°201
– Parc urbain en Bretagne. Séquences bois, juillet 2012, n° 91