“Le soin des choses. Politiques de la maintenance.”
Par Jérôme Denis & David Pontille
Jérôme DENIS est professeur à Mines Paris – PSL, et directeur du Centre de sociologie de l’innovation. Ses travaux de recherche portent sur la production, la circulation et l’entretien des données, et sur les activités de maintenance. Il est notamment l’auteur de l’ouvrage Le travail invisible des données (Presses des Mines, 2018).
David PONTILLE est directeur de recherche au CNRS, membre du Centre de sociologie de l’innovation à Mines Paris – PSL. Ses travaux de recherche portent sur les technologies de l’évaluation scientifique et sur les activités de maintenance. Il est notamment l’auteur de Signer ensemble : contribution et évaluation en sciences (Économica, 2016). Ils enquêtent et écrivent ensemble depuis 25 ans. Ils ont publié Petite sociologie de la signalétique (Presses des Mines, 2010) et Le soin des choses. Politiques de la maintenance (La Découverte, 2022). Ils ont également co-fondé le site Scriptopolis, devenu en 2019 un livre publié par les éditions Non Standard.
Prendre soin, faire durer. Éthiques et politiques de la maintenance. Qu’ont en commun une chaudière, une voiture, un panneau de signalétique, un smartphone, une cathédrale, une œuvre d’art, un satellite, un lave-linge, un pont, une horloge, un serveur informatique, le corps d’un illustre homme d’État, un tracteur ? Presque rien, si ce n’est qu’aucune de ces choses, petite ou grande, précieuse ou banale, ne perdure sans une forme d’entretien. Tout objet s’use, se dégrade, finit par se casser, voire par disparaître. Pour autant, mesure-t-on bien l’importance de la maintenance ? Contrepoint de l’obsession contemporaine pour l’innovation, moins spectaculaire que l’acte singulier de la réparation, cet art délicat de faire durer les choses n’est que très rarement porté à notre attention. Cette conférence autour de l’ouvrage Le soin des choses. Politiques de la maintenance (La Découverte 2022, Prix du livre de l’Académie d’architecture 2023) est une invitation à mettre au premier plan la maintenance et celles et ceux qui l’accomplissent, pour en souligner les enjeux éthiques et la portée politique. Parce que s’y cultive une attention sensible à la fragilité et que s’y invente au jour le jour une diplomatie matérielle qui résiste au rythme effréné de l’obsolescence programmée et aux apories de la destruction créatrice, la maintenance dessine les contours d’un monde à l’écart des prétentions de la toute-puissance des humains et de l’autonomie technologique. Un monde où se déploient des formes d’attachement aux choses et de responsabilité vis-à-vis de l’existant.
Le jeudi 11 avril, à 18h.