Exposition “Richesses de la modération : comprendre de l’ailleurs, voyage d’étude et chantier à Koussoukoingou (Bénin)”
Exposition photographique présentée du 7 mars au 26 avril 2019, à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne (ENSAB) et à la Maison de l’Architecture et des espaces en Bretagne (MAeB).
Avant propos:
« Tout a commencé par la terre, connue ici dans nos campagnes, et par l’envie de ré-ouvrir les yeux sur des pratiques constructives anciennes, celles d’ici et celles d’un ailleurs africain…
Que laisserons-nous demain à nos enfants si nous continuons à polluer autant l’air et le sol ? Il fallait donc changer de point de vue, comprendre l’absurdité d’un système en place, chercher des solutions, revenir à l’acte fondamental de bâtir, réfléchir aux matériaux, aux méthodes constructives et se mettre à la place de celui que l’on n’est pas, mais qui a autant d’importance que nous (le constructeur, l’usager, la génération suivante…).
C’est ce que nous avons tenté de faire à plusieurs, habitants, étudiants en architecture, artisans, enseignants. La pratique est au cœur de nos métiers. Il nous fallait donc passer par un apprentissage réel. De petits chantiers aux dimensions écologiques menés à l’école nous ont conduits à aller voir plus loin, nous confronter à d’autres milieux, ceux qui, en nous déplaçant, nous permettent de réfléchir à tout ce que nous ne possédons pas. Pour autant, ce n’est pas pour cela que les hommes ne savent pas faire avec ce qu’ils ont et n’en imaginent pas moins des architectures brillantes d’intelligence et extraordinaires d’économie.
L’homme retrouve alors sa place, dans un environnement qu’il touche à peine et avec lequel il vit en parfaite harmonie, en s’y confondant presque.
L’exposition restitue le travail mené par des étudiants, enseignants de l’ENSAB et des maçons-formateurs au sein d’une communauté Otammari, un des peuples Somba établi dans la chaîne de l’Atakora au nord-ouest du Bénin. Le voyage d’étude s’est déroulé sur un temps suffisamment long (du 10 au 26 février 2018) pour que l’immersion soit possible.
Ce voyage avait pour but de découvrir une technique de construction traditionnelle en terre crue appelée banco, qui se rapproche de la technique de la bauge connue dans le bassin rennais et de recevoir cet enseignement de la part d’artisans qui le maîtrisent parfaitement. Pour cela, nous avons pris contact avec un charpentier rencontré à Koussoukoingou lors d’un précédent voyage et, avec l’aide d’une petite équipe locale, nous avons organisé la préparation d’un chantier pas comme les autres.
Ensemble, nous avons contribué à la construction d’une maison forte traditionnelle appelée tata, et pu aborder différentes étapes primordiales (levées de murs, réalisation d’un plancher traditionnel, pose d’enduit …). Dans le même temps, des ateliers connexes ont permis d’appréhender les matériaux (connaissances, caractéristiques, récoltes, collectes, puisage, transport et transformation), d’étudier des édifices particuliers (greniers, fours, ruches …), de s’intéresser aux modes de vie et aux traditions de la communauté, de dessiner, échanger, noter, travailler, façonner, interroger, participer aux rites et fêtes familiales. Etre tout simplement là, au plus près de ceux qui nous ont accueillis avec une joie et une générosité magnifiques ».
Rozenn KERVELLA et Loïc DAUBAS, enseignants à l’ENSAB, et les étudiants de l’atelier « Habiter la Terre »